A Box Full of Women of Faith

By/Par Anne Marie Staples, NH

When the weather’s bad, the box of old photos comes down from its dusty nest on the shelf and starts telling its stories. It never gets bored or irritated at repeating the same tales even though it has repeated them countless times over more than a century. Because it keeps its photo collection in delightful disarray, it can start its lesson of the day wherever it pleases.
The cover opens. The box displays Mémère Cardin in front of her electric range before being surprised by the click of the camera. At the very moment, Mémère is still innocent, busy at work, still untainted by the natural vanity brought out from being photographed. She’s wearing a floral apron over a dress that falls below her knees. The potion that she’s preparing in the large pot seems to smell good because she’s holding her head so that it isn’t difficult to imagine the steam rising to her nostrils. Mémère is shrinking. She’s holding her elbows way out to protect them from the searing stovetop. The 1960s, of which Mémère would only see two years, have just begun. The window behind her frames the sun filled scene. Mémère is keeping busy while she is still able to do so in her modern American kitchen, and stirs the soup that she’ll share with her twenty-second child, a girl, when she arrives for the noon meal. After noon, when her daughter returns to the shoe factory, Mémère will wash the dishes and take a short walk to the Irish parish church where she’ll do her Stations of the Cross.
The box is choosing its stories oddly, today. It’s trapped in the 1960s. It reveals a tiny little corner of what appears to be a white boot. A fourteen-year-old girl is posing in ecstatic joy, doubtlessly the result of having just received a fabulous pair of white leather go-go boots that she’s proudly wearing beneath a navy blue mini-coat. She’s posing with an equally joyful lady in front of a large statue of the Blessed Virgin Mary in the yard of the lady’s house. This lady is Blandine, the fourth living daughter, and sixth, or seventh child because no one is certain, in the baptismal register where all of Mémère’s births are recorded. Blandine is also wearing boots. Hers are black, laced up firmly and well-polished. Below supple calves her ankles seem corseted by the firm leather, unmasking the utilitarian purpose of the boots. Through the thick heel of the left boot runs a metal rod that anchors the heavy orthopedic device holding up her leg. For more than fifty years the lady has walked with a limp, but lively, with the help of this type of bulky apparatus. The Friday night before posing for this photo, Blandine had come off her bus as usual, her week’s pay in hand for working at the ladies’ shoe factory. She had gone into a retail shoe store where she spent half of her salary for the white go-go boots in the display window for her niece. Limping, she had carried her package home where she had carefully wrapped it in floral paper and tied it with ribbon. Before going to bed, she had polished her best orthopedic boots in anticipation of Sunday morning Mass. In the photo, between the white and black boots the Blessed Virgin’s bare foot is crushing the head of a serpent.
The weather is clearing. To be continued . . .


Une Boîte de femmes fidèles

By/Par Anne Marie Staples, NH

Quand il fait mauvais, la boîte de vieilles photos descend de son nid de poussière sur l’étagère et se met à raconter ses histoires. Elle ni s’ennuie ni s’énerve jamais de répéter les mêmes aventures bien qu’elle l’ait fait d’innombrables fois au fur de plus d’un siècle. Parce qu’elle garde son recueil de photos dans un désordre délicieux, elle peut démarrer la leçon du jour à son gré.
La couverture s’enlève. La boîte expose Mémère Cardin, devant sa cuisinière électrique avant d’être surprise par le clic de l’appareil-photo. À l’instant, Mémère est toujours innocente en train de travailler, pas encore tachée de la vanité naturelle exigée par la photographie. Elle porte un tablier fleuri dessus une robe qui lui dépasse les genoux. La potion qu’elle prépare dans le chaudron semble sentir bonne parce qu’elle se tient la tête tel qu’il n’est pas difficile d’imaginer la vapeur lui monter au nez. Mémère rapetisse. Elle se tient les coudes écartés pour les protéger de la surface brûlante. Les années 1960 dont elle ne verra que deux, viennent de commencer. La fenêtre derrière Mémère encadre la scène ensoleillée. Mémère s’occupe pendant qu’elle puisse encore le faire dans sa cuisine moderne américaine et brasse la soupe qu’elle partagera avec sa vingt-deuxième enfant lorsqu’elle arrive pour le repas de midi. L’après-midi, quand sa fille rentrera à l’usine de chaussures, Mémère lavera la vaisselle et fera une courte promenade à pied à l’église irlandaise où elle fera son chemin de la croix.
La boîte choisit ses histoires drôlement, aujourd’hui. Elle reste toujours dans les années 1960. Elle révèle un tout petit coin curieux de ce qui paraît être une botte blanche. Une fille de quatorze ans pose en fou sourire, sans doute le résultat d’avoir reçu de fabuleuses bottes à gogo en cuire blanc qu’elle porte fièrement dessous un mini-manteau bleu marin. Elle pose avec une dame autant souriante, devant une grande statue de la Sainte-Vierge dans le jardin de la maison où habite la dame. Cette dame, s’appelle Blandine, la quatrième fille vivante, ou sixième, ou septième enfant en total car on n’est pas sûr, dans le registre de baptêmes où sont enregistrés tous les accouchements de Mémère. Blandine aussi, porte des bottes. Les siennes sont noires, lacées dures et bien polies. Les chevilles corsées par le cuir dessous de souples jarrets dévoilent l’air utilitaire des bottes. Dans le talon de la botte gauche passe un bout de fer qui règle le pesant appareil orthopédique soutenant toute la jambe. Depuis cinquante ans la dame marche boiteuse mais vive avec l’aide d’un tel lourd appareil. Le vendredi soir avant de poser pour cette photo, la dame était descendue du bus comme d’habitude, tenant en main son salaire pour sa semaine de travail à l’usine de chaussures de femmes. Elle était entrée au magasin de chaussures où elle avait dépensé la moitié de son salaire pour les bottes blanches à gogo dans la vitrine pour sa nièce. Elle était rentrée chez elle boitant avec son paquet où elle l’avait emballé soigneusement de papier fleuri et de ruban. Avant de se coucher elle avait poli ses meilleures bottes orthopédiques noires en anticipation de la messe de dimanche matin. Dans la photo, le pied nu de la Sainte-Vierge écrase une couleuvre entre les bottes blanches et noires.
Le temps adoucit. A suivre . . .